29.10.25
Communiqué de TIGRE concernant la gouvernance de la Comédie de Genève
28 octobre 2025
TIGRE est la faîtière genevoise des compagnies indépendantes de théâtre. Au nom des 120 compagnies indépendantes que nous représentons, nous souhaitons faire part de certains éléments qui nous inquiètent, suite à l’enquête du 22 octobre 2025 parue dans la Tribune de Genève, sur la gouvernance de la Comédie de Genève.
Nous faisions confiance à la Fondation d’Art Dramatique en tant qu’organe de contrôle pour assurer le bon fonctionnement des institutions dont elle a la responsabilité, force est de constater que les défaillances sont notoires. Nous sommes indigné·es des faits relatés dans les témoignages de cette enquête et apportons notre plein soutien aux personnes ayant témoigné. Nous attendons d’une institution phare une éthique de travail exemplaire. Un management défaillant peut avoir des effets pervers sur les équipes placées en ligne directe, mais aussi sur les différentes productions artistiques.
Les théâtres et festivals détiennent aujourd’hui la majorité des moyens financiers attribués aux arts vivants. Depuis plusieurs années, nous questionnons la proportion de budget allouée aux œuvres romandes, notamment dans les plus grands théâtres et festivals suisses. Si la Comédie de Genève a le devoir de faire travailler des compagnies et des artistes ancré·es sur le territoire, nous déplorons aujourd’hui un manque de transparence flagrant dans la répartition des budgets de l’institution pour les compagnies genevoises et romandes. Nous déplorons également la sous-représentation actuelle des compagnies locales dans la programmation de cette institution, qui n’impose que 3 coproductions romandes par saison.
Il est nécessaire de souligner que le secteur romand, et particulièrement genevois, est riche de sa diversité. Il n’est pas question de passeport ou d’origine, mais bien d’implantation dans le tissu culturel du Grand Genève et de la suisse romande. Nous faisons état d’un profond malaise au sein de la profession, et d’un sentiment de déclassement, de mépris et de colère partagé. En 2022 puis 2023, nous avons demandé à la Fondation d’Art Dramatique le cahier des charges détaillé et chiffré des deux institutions culturelles qu’elle administre, cela nous a été refusé. En mars 2025, nous avons demandé à Séverine Chavrier, sur le budget de production de la Comédie de Genève, quelle part était allouée aux compagnies locales, nous n’avons reçu aucune réponse.
Cette affaire opère un dégât d’image scandaleux pour tout le secteur culturel. Alors que nous élaborons nous-mêmes – en interaction directe avec les services de la Ville et du Canton de Genève – des formations sur les conditions de travail, les modèles de gouvernance, les pratiques professionnelles saines pour le bien de toutes et tous, ce contre-exemple public de défaillance et d’opacité nous choque.Nous exigeons la transparence du missionnement, des outils d’évaluation externes, la traçabilité de la répartition de l’argent public vers les compagnies locales et la révision des prochaines conventions de missionnement, en collaboration avec les faîtières genevoises. C’est un minimum après l’expression populaire de 2019 pour une politique culturelle cohérente.
En pleine période de durcissement des financements publics, et les signaux étant suffisamment graves, nous attendons une réaction ferme et rapide de la Fondation d’Art Dramatique et des pouvoirs publics sur la gouvernance de cette institution.
Pour le comité de TIGRE
Wave Bonardi, Lou Ciszewski, Charlotte Filou, Khaled Khouri, Serge Martin, Lefki Papachrysostomou, Lionel Perrinjaquet,
Guillaume Pidancet, Jacqueline Ricciardi et Valentine Sergo.